17/10/2016

Le grand mythe de la baisse massive du nombre de fonctionnaires


Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses - Xerfi

A l’origine, il y a ce constat, 5,4 millions d’emplois dans la fonction publique en France. C’est un record en Europe. C’est un cinquième de l’emploi total. Un chiffre qui donne le vertige à certains. Et qui se traduit par le fait que le poids des rémunérations publiques rapporté au PIB fait partie des plus élevées du monde développé. Alors couper 300000 emplois publics en 5 ans, autrement dit 5,5%, de l’emploi peut sembler non seulement nécessaire, mais qui plus est, facile. Et pourtant L’objectif est presque impossible, pourquoi ?


Parce qu’on se leurre d’abord sur le sureffectif public. Certes le poids de nos rémunérations publiques est important. Mais lorsqu’il ne l’est pas chez les autres, il faut alors s’interroger sur le poids de la sous-traitance, qui n’est rien moins qu’une embauche indirecte, comptabilisée en consommation intermédiaire, dont on aurait tort de penser qu’elle est systématiquement plus efficace et moins coûteuse pour le citoyen. D’emblée, la position française paraît bien moins atypique. Cela n’interdit pas de s’interroger sur l’écart considérable qui nous distingue de l’Allemagne, par exemple.

Ensuite, il faut rapporter le nombre d’agents à la population. Ce que l’on ne sait pas bien faire, car les statuts sont très variables d’un pays  à l’autre. Néanmoins l’extravagance française paraît bien moins extravagante. Surtout si au lieu de se centrer sur les fonctionnaires, on se focalise sur l’emploi que mobilisent les différents pays sur les grandes fonctions de l’Etat, indépendamment de du statut privé ou public : dans l’administration, la santé, l’éducation, l’action sociale notamment, il apparaît immédiatement que la France n’est pas mieux dotée  en ressources humaines que le autres, et même plutôt moins bien loties que beaucoup d’autres grands pays. On voit notamment que l’écart avec l’Allemagne, qui ne compte pas ses agents hospitaliers dans la sphère de l’Etat, disparaît. Cela explique le paradoxe français d’un nombre élevé de fonctionnaires, avec simultanément moins de professeurs rapporté au  nombre d’étudiants, pas plus de médecins etc. Et même si l’on se borne à la pure bureaucratie, où l’on peut supposer que le mille feuilles français produit des sureffectifs à foison force est de constater, que la bureaucratie hexagonale n’est pas de loin la plus coûteuse en termes de rémunérations.

Ce qui explique aussi que lorsque l’on veut couper dans les effectifs il est difficile de trouver la fonction superfétatoire et que même assez souvent on crée une pénurie, voire des déserts administratifs qui ne sont ni souhaités, ni souhaitables. Cela explique aussi que beaucoup d’élus de droites sont les premiers à monter au créneau lorsque la dotation de l’état aux collectivités territoriales est très légèrement rabotée, alors même qu’ils se fédèrent derrière le chiffre de 300000 postes en moins.

Le paradoxe est facile à expliquer. Il suffit de regarder comment se répartissent les moyens humains de l’État.

Les agents de l’Etat, c’est d’abord plus d’un million 150000 agents dans la fonction publique hospitalière. Et ni les niveaux d’encadrement, ni la montée croissante des besoins n’en font un secteur facile d’économie. C’est ensuite l’éducation, avec près d’un million d’agents dans l’enseignement auxquels il faut ajouter les 311000 agents qui exercent dans les établissements publics à vocation universitaire. Là encore le secteur est quasi intouchable pour les mêmes raisons que la santé. C’est encore 633000 agents dans la sécurité intérieure, extérieure et la justice. Là encore zone intouchable et sous pression haussière. A lui seul, cet ensemble d’emplois sous pression haussière représente 57 % de l’emploi public. Reste alors 2,3 millions d’agents, dont 81% se concentrent dans les collectivités territoriales.
Supprimer 300000 postes, c’est concentrer la baisse sur cet ensemble, soit 16 % de baisse des effectifs, voire plus si l’on veut compenser la montée des besoins du premier bloc. Pas si facile en effet. Et entre la crânerie des programmes et la réalisation, il ne faut pas être devin pour parier que les cibles ne seront pas tenues.

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