Banco Popular, la sixième banque d'Espagne, numéro un sur le créneau des PME, a donc fini par succomber à ses blessures, héritées de la grave crise immobilière qui a secoué la péninsule ibérique à la fin des années 2000 et mis à terre nombre de ses établissements bancaires. Pour la première fois, c'est la Banque centrale européenne qui est venue à la rescousse de Popular, en organisant sa « résolution » dans le jargon maison. Autrement dit, devant l'aggravation de sa situation financière et les inquiétudes des déposants, elle a pris les commandes de la banque pour lui trouver un plan B. Banco Popular a été mis en vente pour 1 euro symbolique. Le géant Santander a été désigné comme repreneur, et sera chargé de nettoyer les comptes. Tout cela s'est fait sans aucun à-coup sur les marchés (les cours des banques européennes ont même monté mercredi), sans aucune polémique en Espagne ou ailleurs. Madrid a salué le bien-fondé de l'opération. 

Deux leçons peuvent être tirées de ce sauvetage express et inédit. Un, le système bancaire européen n'est pas au bout de ses peines. Il a certes été largement assaini, les capitaux propres ont été beaucoup renforcés. Mais il reste quelques établissements malades de leurs créances douteuses, à la merci de nouvelles déconvenues. L'Espagne vient sans doute de régler l'un de ses derniers dossiers épineux, l'Italie est loin d'être sortie d'affaire et l'Allemagne devra sans doute s'y atteler un jour. 

Deux, l'Union bancaire qui avait été mise en place pour faire face à ce genre de situation et éviter des effets de contagion en chaîne prouve son utilité et son efficacité. Les actionnaires de Popular vont payer la note, certains créanciers obligataires aussi. Il savaient les risques qu'ils prenaient. Les déposants, eux, sont protégés, et les contribuables espagnols n'auront pas à mettre la main à la poche. Le dispositif fonctionne, et c'est une excellente nouvelle. Cela démonte au passage les arguments du Front national qui, pendant la campagne, accusait l'Union bancaire de tous les maux... notamment de spolier les épargnants. Il y aura sans doute d'autres crash-tests bancaires à l'avenir. Mais voilà au moins un domaine où l'Europe a réalisé des avancées concrètes. Un domaine qui montre qu'elle est capable de circonscrire les incendies financiers sans souffler sur les braises politiques.