28/08/2017

Quatre enjeux majeurs pour l'économie française | Xerfi Canal Olivier Passet



Texte
Attention au-trompe l’œil de la conjoncture. La France et l’ensemble européen renouent avec la croissance, c’est bien sûr une bonne nouvelle. Mais c’est aussi l’écran de fumée qui voile momentanément les tendances lourdes, les problèmes de fond qui ressortent au grand jour au moment où les gouvernements sont désarmés budgétairement et politiquement pour s’y attaquer.


Rééquilibrer le commerce extérieur


Il est un problème qui demeure manifeste en France. C’est celui du déséquilibre de notre commerce extérieur, hyper sensible au moindre souffle de reprise de la demande interne. Or c’est bien ce que surligne la dégradation tendancielle de la balance commerciale une fois éliminée la composante erratique de l’énergie. Et le défi numéro un du gouvernement est celui-là : renforcer la base productive exportable de la France, et réduire la dépendance aux exportations. Autrement dit accroître notre potentiel productif, par le levier d’une plus grande attractivité fiscale et réglementaire. C’est un chantier de longue haleine.

Cet enjeu clé s’accorde mal avec les tentatives récentes du gouvernement, concernant la CSG par exemple, de faire de la réforme fiscale à coût budgétaire minimal. Et si derrière l’affichage ambitieux de la flat-tax sur les revenus du capital, la baisse des prélèvements à 30% devait être l’occasion de faire sauter les abattements existants, pour un jeu à somme quasi-nulle ? Autant dire que le choc fiscal risque de plus en plus de ressembler à un flop fiscal.

Mener une politique d'investissement ambitieuse

Le second défi est de renouer avec une politique d’investissement ambitieuse. Il n’y aura pas de rebond productif sans volontarisme public. Là aussi le projet existe sur le papier. Mais au-delà des 50 milliards annoncés sur 5 ans, ce qui comptera c’est la gouvernance du dispositif, son ciblage, et surtout la possibilité d’en démultiplier les effets avec des circuits de financement privés.


Il est grand temps de donner de la chair au défi numérique, écologique, à celui de l’éducation, de la modernisation de l’Etat et de la smart-city. Cela ne se fera pas à coût zéro, et il n’y aurait rien de pire que de faire de l’affichage en la matière. Car ces investissements sont précisément ceux qui permettent à l’offre de se repositionner.

Faire converger la zone euro politiquement et budgétairement

Le troisième grand défi, c’est celui de la gouvernance européenne. La reprise peut créer l’illusion que la zone euro redevient un espace de convergence, mais c’est une erreur. L’Espagne regagne certes une partie du terrain perdu, plus vite que les autres. Mécaniquement, partant de plus bas. Mais le Sud sous-investit fondamentalement dans le social et la connaissance, et sous-utilise les compétences. L’Europe du Nord et du centre continue à polariser les activités à forte valeur ajoutée là où les avantages sont déjà constitués et s’auto-renforcent.

Les banques, de leur côté peinent à purger leurs bilans. Les problèmes demeurent, et ils ressurgiront au premier accident conjoncturel. Bref, l’Europe demeure sous-équipée politiquement et budgétairement, et tant qu’un contenu réel n’est pas donné à l’Europe des transferts, les risques d’implosion persistent.

Traiter le problème du logement

Dernier défi, celui du logement. Le psychodrame de la baisse des APL cet été, a recouvert le véritable enjeu : comment faire en sorte que les aides n’aillent pas dans la poche des bailleurs et ne participent pas à la cherté du logement ? C’est un défi de taille qui est plus facile à aborder lorsque le marché est porteur et que les locomotives de croissance sont suffisamment diversifiées pour pouvoir absorber le risque d’un ralentissement du secteur. C’est en tout cas un enjeu clé qui agit aussi bien sur la compétitivité que sur le pouvoir d’achat.

A travers le bruit de la com' et l’instrumentalisation politique de la conjoncture, ce sont ces priorités qui seront au cœur de notre attention.


Bien; mais si le déficit commercial de la France était la contrepartie de l'excédant de l'Allemagne dans une Europe non fédérale ou les transferts ne se font pas? Voir cet article de François Meunier sur Telos.

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