25/09/2016

François Bayrou dresse le procès de l’obsession identitaire de Nicolas Sarkozy


François Bayrou à l’université d'été du MoDem à Guidel, le 25 septembre.François Bayrou est un procureur inlassable du sarkozysme. Dimanche 25 septembre, lors de la clôture de l’université de rentrée de son parti, le maire de Pau a très durement critiqué la campagne de l’ancien président de la République. « La primaire a ouvert le temps des illusions et de l’hystérisation. Pour capter les voix, certains sont prêts à promettre n’importe quoi », a déclaré le président du MoDem en évoquant les « chèques en blanc », le non-respect de la discipline budgétaire mais surtout les questions identitaires : « Pour capter les voix, on va toujours plus loin dans l’utilisation et l’excitation des passions les plus primaires. »

Devant les militants et les élus de son parti, M. Bayrou n’a jamais cité M. Sarkozy. Mais ses références ont été explicites. Il a commencé par faire le procès de ceux qui excitent ce qu’il y a « dans l’inconscient des peuples tristes », c’est-à-dire « les origines, les ancêtres, un faux roman national ».
« Jamais dans l’histoire cette volonté d’hystériser la passion n’a apporté des bienfaits, ni la concorde. Ça a toujours été des malheurs. Nous ne voulons pas que l’on engage la France dans la voie de ces malheurs-là. »
Le centriste a ensuite cité l’édit de Nantes signé par « mon ami Henri IV » : « Cette France n’a pas besoin de l’hystérie de l’identité, la France n’a jamais été aussi grande que dans la tolérance et la compréhension mutuelle. »

« Une autre forme d’opium des peuples »

En meeting lundi à Franconville (Val-d’Oise), Nicolas Sarkozy avait provoqué la polémique en déclarant : « Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois. » Mercredi, lors d’une nouvelle réunion publique à Marcq-en-Barœul (Nord), l’ancien chef de l’Etat avait ironisé au micro alors que des opposants gabonais manifestaient dans la salle de son meeting : « Ici c’est la France, ce n’est pas le Gabon. Si vous voulez parler du Gabon, retournez-y… »
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Deux sorties qui n’ont pas échappé à M. Bayrou. « L’obsession de l’identité devient une menace. Mais c’est aussi une ruse, car pendant que l’on renvoie les Français aux Gaulois, les Gabonais au Gabon, on ne parle pas des vrais sujets », a lancé le président du MoDem en évoquant la « ruse » de ce débat sur l’identité, « une autre forme d’opium des peuples ».

Un soutien sans faille à Alain Juppé

M. Bayrou s’est engagé devant ses troupes à faire barrage à Nicolas Sarkozy si ce dernier remportait la primaire. « Nous ne laisserons pas les Français obligés de choisir entre des impasses et des échecs. Nous ne lâcherons rien », a-t-il déclaré. Mais M. Bayrou n’est pas encore candidat à la présidentielle et il ne le sera pas si Alain Juppé, le principal rival de Nicolas Sarkozy, remporte la primaire. Tout le week-end, le maire de Pau a explicitement apporté son soutien au maire de Bordeaux, « un homme de volonté, un homme de parole, solide et responsable, un homme d’honneur », selon ses termes.
Le président du MoDem a adopté cette stratégie dès l’automne 2014. Il s’y tient et a récemment été rassuré par l’interview de M. Juppé au Monde, publiée vendredi 23 septembre. Dans cet entretien régulièrement cité par M. Bayrou, M. Juppé tient une ligne de modération, met en garde contre les risques d’une guerre civile alors que M. Sarkozy remonte dans les sondages.
Lire l’interview d’Alain Juppé :   « Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile »
« Il a courageusement choisi de prendre le contre-pied du glissement généralisé dans lequel on tente d’entraîner le pays », a commenté le président du MoDem qui a appelé ses troupes à apporter leurs voix l’ancien premier ministre lors du premier tour de la primaire, le 20 novembre.
Le président du MoDem espère ensuite pouvoir être remercié de ce soutien sans faille en obtenant de nombreuses investitures aux législatives et ainsi constituer au moins un groupe à l’Assemblée. En cas de victoire de Nicolas Sarkozy, il sera candidat pour sa quatrième élection présidentielle et devra faire face à la concurrence d’Emmanuel Macron, nouveau venu sur le créneau de la recomposition au centre, si ce dernier décide de se présenter.

lemonde.fr

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